Alors que se tient, samedi, une mobilisation contre les violences sexistes, une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes met en lumière l’ampleur du phénomène de harcèlement de rue. 6 000 femmes ont été sondées dans six pays, en France, Espagne, Allemagne, Italie, Royaume-Uni et aux États-Unis.
Au cours de l’année, une Française sur quatre a été sifflée, insultée, confrontée à un exhibitionniste, abordée alors qu’elle ne le voulait pas, agressée, frottée dans un transport en commun ou intimidée.
Les plus touchées ? Plutôt des jeunes avec de faibles revenus, et vivant dans des grandes villes ou des banlieues populaires. « Ce sont des femmes qui sortent le soir, n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture donc elles marchent ou prennent les transports en commun. Et se retrouvent plus exposées aux agressions, explique François Kraus, directeur du pôle politique à l’Ifop. Cela prouve que le harcèlement n’est pas qu’un problème de genre. C’est aussi un problème social. »
La récente loi contre les violences sexistes et sexuelles permet de réprimer d’une amende le harcèlement de rue. Un texte sans aucun doute nécessaire. Mais sera-t-il suffisant ?
Les Allemandes davantage agressées ?
Plus globalement, 86 % des Françaises déclarent avoir, au cours de leur vie, subi une de ces atteintes ou agressions sexuelles dans la rue, ce qui place l’Hexagone en deuxième position derrière l’Espagne et devant l’Allemagne.
Mais sur l’année écoulée, notre voisin Outre-Rhin est le pays où semble régler le climat le plus sexiste. 44 % des Allemandes déclarent avoir été sifflées, moquées, suivies etc. « Difficile, cependant, de savoir si les agressions ont été plus importantes, analyse François Kraus. Ou si les scandales comme à Cologne, médiatisés et récupérés politiquement, n’ont pas généré une plus grande prise de conscience. Et davantage de dénonciations. »