« A Paris, dans la rue, je ne me sens pas a l’aise, sauf lorsque je suis escortée par un homme. Quand je choisis de mettre une jupe ou un short, j’évite certains quartiers. Mais de toutes manières, quelle que soit notre tenue, on a droit aux mêmes remarques. Honnêtement, ils s’attendent à quoi lorsqu’ils nous interpellent d’un : « Wesh, t’es bonne » ? Alors je mets mon casque sur les oreilles pour ne pas les entendre mais cela ne m’empêche pas de sentir leur regard. Je ne me suis jamais fait agresser mais ma mère a eu droit à un type qui a profité qu’elle ait les bras chargés de courses pour lui prendre les seins à pleines mains et repartir ensuite comme si de rien n’était ! Le regard, les propos et les gestes de ces hommes sont dégradants et mettent très mal à l’aise. Pourquoi ont-ils de telles réactions, si peu de self contrôle ? On croirait des chiens en rut ! Ils nous mettent sûrement dans le même sac que toutes ces femmes-objets qu’ils voient dans les films porno qu’ils regardent à longueur de journée : ça fait peur !Dans beaucoup d autres villes en Europe, ce n’est pas du tout comme ça. À Londres par exemple, les femmes peuvent se balader dans la rue en mini short, sans se prendre de réflexion. »
Fleur, 28 ans
« J’ai assisté à une scène particulièrement violente la semaine dernière. Une fille passe devant un type assis sur un strapontin dans la rame d’un métro. Il lui lâche : « Tu pourrais me sourire quand je te regarde ». Impassible (et sans doute saoulée), elle ignore sa remarque. L’autre s’énerve et renchérit avec un « Salope, va te faire trouer la ch**** ». Le pire dans cette histoire ? Voir que la scène fait marrer trois mecs cravatés dans la rame. »
Sabrina, 29 ans
« Que je sois en jean, en jogging ou en jupe et même sans être maquillée, j’ai droit à des réflexions plus que désobligeantes ! Lorsque je fais preuve d’extrême courage, je leur dis que ce n’est pas flatteur et leur rappelle qu’au même moment il y a probablement un mec qui fait exactement la même chose à leur sœur ! Ou bien ça les calme direct ou les insultes fusent de plus belle. Mais le pire, c’est quand je me fais harceler par un arabe qui se sent toujours obligé de m’interpeler par un : « Eh ma sœur, vas-y, réponds ! Fais pas ta Française ». Parce que d’après lui et parce que je suis d’origine maghrébine, je me dois de répondre à ses avances. J’ai aussi eu droit à : « Tu préfères te faire b**** par un blanc plutôt que par un rebeu, t’es qu’une p*** ! » exprimé en arabe. Pourquoi ? Parce que mon mari n’est pas d’origine maghrébine et ne peut donc pas comprendre les propos du type en question. Très courageux, n’est-ce pas ? Les éboueurs aussi s’y sont mis ! Chaque matin quand je sors de chez moi, je les croise et dois supporter leurs commentaires. Pour y mettre un terme, je leur ai dit que j’avais relevé le numéro d’immatriculation du camion, leurs horaires de passage et que j’allais les signaler à leur responsable. Radical ! Je suis toujours sur mes gardes, j’essaie de repérer les gros lourds potentiels… En fait, j’ai l’impression d’évoluer en permanence sur un champ de mines ! »
Mounia, 27 ans
« Cela m’arrivait surtout quand je vivais à Paris ! Depuis, j’ai quitté la France (pas à cause de cela) et je peux enfin redevenir féminine sans être obligée de m’habiller de manière à passer inaperçue. Quand cela m’arrivait, je ressentais surtout de la colère et j’avais pour habitude de crier très fort (dans la rue ou le métro) après ces hommes pour les mettre, eux, mal à l’aise ! A mon avis, c’est peine perdue, mais ça fait du bien quand même ! »
Tricia
« Il y a tellement d’exemples que je ne sais pas par lequel commencer. Le plus traumatisant c’est celui d’un homme qui s’est masturbé en me regardant droit dans les yeux dans le métro… Le plus répétitif ? Le classique « Eh, mademoiselle ! Vous êtes trop charmante ! Hey ! Bah, réponds pas hein ! J’te fais un compliment ! Eh oh ! Bon, bah va te faire f*****! ». J’en passe et des meilleures… ou plutôt des pires ! »
Léa
La main aux fesses et autres réjouissances
« J’étais à un voyage de presse avec d’autres journalistes. Nous étions en train de visiter une salle de spectacle et nous faisions la queue. Juste derrière moi un journaliste, la quarantaine bien tassée, m’a pincé les fesses. Sur le moment, je n’en revenais tellement pas que je me suis demandée si je n’avais pas rêvé, si ça venait bien d’avoir lieu. J’ai eu un temps de réaction très long avant d’oser me retourner vers lui et là impossible de dire quoi que ce soit, j’étais trop abasourdie ! Lui a fait strictement comme si de rien n’était. J’étais mal à l’aise et honteuse de ne pas avoir réagi sur le moment. J’ai passé le reste de la journée à prendre soin de ne pas recroiser ce type ! »
Fanny, 22 ans
« Je suis une blondinette d’1m68 et régulièrement lorsque je prends le métro, en particulier la ligne 13 pour rendre visite à une amie, j’ai droit à des regards vraiment déplacés sur le quai et à des actes encore plus scandaleux dans les rames.Une fois, alors que je me tenais à la barre centrale et que les portes venaient de se refermer, un homme à peine plus grand que moi s’est placé tout près, dernière moi et a commencé à sentir mon parfum dans ma nuque. Un frisson de dégoût m’a parcouru. Je l’entendais prendre de grosses bouffées d’air au-dessus de mon épaule. Heureusement, un homme d’une quarantaine d’années qui était en face de moi a vu la scène et lui a tapé sur l’épaule en lui disant bien fort : « Eloigne-toi de ma fille gros pervers ! ». J’ai remercié d’un sourire gêné l’homme et j’ai changé de wagon. Grâce à cela, j’ai su comment réagir lors d’une deuxième mésaventure. J’étais dans une rame bondée sur la ligne quand j’ai senti une main se coller bien à plat sur l’une de mes fesses. Me disant au début que c’était quelqu’un qui pensait avoir trouvé un appui, j’ai changé de position. Mais la main est revenue comme si c’était sa place normale. C’est alors que j’ai hurlé bien fort : « Celui ou celle qui a posé la main sur ma fesse est prié(e) de bien vouloir l’enlever. Merci ! ». Et la main est partie. J’espère que ces témoignages donneront un peu de courage à toutes les filles pour ne plus subir ce genre de choses ! »
Camille, 20 ans
« Dans le métro, un homme a touché mes seins avant de quitter la rame et de disparaître dans la foule. Une autre fois, toujours dans le métro, un homme assis à côté de moi a profité des secousses du train pour également me caresser la poitrine. Au début, j’ai cru qu’il ne le faisait pas exprès, mais ses attouchements sont devenus plus insistants et j’ai réalisé que c’était intentionnel. Un soir où je rentrais d’une soirée, un homme s’est mis en travers de mon chemin et m’a proposé de monter chez lui boire un thé. J’ai refusé. Il a insisté, m’a saisi les bras avec force et a réitéré sa demande. J’ai demandé à ce qu’il me lâche. Il ne l’a fait que lorsque j’ai hurlé pour alerter les quelques personnes qui se trouvaient dans la rue à cette heure-là. Il m’a alors traitée de « salope » et de « pute ». Il ne semblait absolument pas ivre…Quant aux remarques sexistes et aux insultes, je crois qu’il ne se passe pas une journée sans que je ne reçoive un ou plusieurs de ces « compliments » désagréables. Je ne m’habille pourtant pas de manière provocante : toujours en jean ou pantalon, ayant remarqué que le nombre de ces observations désobligeantes doublait ou triplait dès lors que j’osais mettre une jupe ou une robe. J’adorerais en porter, et je continue d’en acheter, mais dès lors que vient le moment d’en enfiler une pour sortir, je l’abandonne pour un jean plutôt large. Cela fait maintenant des années que je n’en ai plus portées. »
Antonia, 23 ans
« Il y a quelques années, je me trouvais dans une rue peu fréquentée, à Paris. Un homme en voiture me demande son chemin. Je lui explique. Il insiste et gigote. Je réexplique naïvement avant de me rendre compte qu’il agitait une petite « knacki » sous sa carte routière, en fait depuis le début de notre conversation ! Quand il a vu que j’avais compris son manège, il a démarré en trombe, mort de rire. Et moi je suis restée plantée là sur le trottoir, comme une idiote. Des comme ça, j’en ai un paquet ! »
Fanny
« Quand j’avais 17 ans, un homme s’est frotté contre moi dans le bus. Puis c’est arrivé deux fois dans le métro alors que j’allais à la fac. L’année dernière à Oslo, en Norvège, un homme un peu étrange a commencé à se toucher en me souriant. Je précise que lors de ces faits, je n’étais absolument pas habillée de façon sexy. Les premières fois, je suis restée tétanisée, sans savoir quoi faire. En revanche, la dernière fois j’ai dit bien fort pour que tout le monde entende « Mais qu’est-ce que vous faites ? C’est dégoûtant ! ». Mais lorsque j’ai droit à de simples « compliments », je me contente de sourire et de dire « merci ». Généralement, on me laisse ensuite tranquille. S’ils insistent, je leur fais clairement comprendre que je suis flattée mais pas intéressée. »
Youna
La petite remarque qui fait mal
« J’ai souvent été victime de sifflets ou de sollicitations du type « Eh, vous êtes charmante mademoiselle », mais ce genre de situation s’est tellement banalisé que parfois je n’y prête même plus attention. Je sais que je si je porte une mini-jupe je vais me prendre des réflexions dans la rue, mais je fais avec et les supporte… Et c’est justement cela qui me révolte : le fait de se résigner à ce sexisme ordinaire. Les hommes pensent nous flatter et s’accordent le droit de nous faire des commentaires alors que nous ne leur avons rien demandé ! J’ai particulièrement été marquée par un événement. Je faisais du vélo dans les rues parisiennes avec mon compagnon quand un type s’est adressé à lui pour lui dire que j’avais de beaux seins, qu’on les voyait bien et que mon chéri avait de la chance d’être avec moi. Mon amoureux lui a conseillé de garder ses commentaires pour lui et nous avons passé notre chemin. Mais j’ai eu du mal à reprendre le cours normal de notre balade ; cet inconnu m’avait déshabillée du regard, gâché un moment de bonheur pur en évoquant une partie intime de mon corps. Beaucoup de femmes peuvent se retrouver démunies face à ce genre de situation, mais cela personne ne le prend en compte. »
Béatrice, 30 ans
« Quand j’étais ado, je vais faire une course chez l’épicier du coin qui me dit en regardant mes seins : « Alors, ça pousse ? ». J’ai croisé les bras sur ma poitrine, courbé le dos et vécu un moment très humiliant. Et j’ai développé un nouveau complexe sur ma poitrine. Merci ! »
Laura, 27 ans
« J’ai toujours eu des lèvres pulpeuses et les potes de ma grande sœur qui avaient 20 ans quand j’en avais 16-17 me disaient tous : « Oh, t’as une belle bouche de pipeuse toi », en rigolant grassement. Ce n’était était pas forcément méchant mais j’ai développé une gêne par rapport à l’aspect de ma bouche. Je faisais même attention à ne jamais prononcer un mot avec le son « ch » pour ne pas mettre en avant mes lèvres et me prendre une remarque ! Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai compris qu’elles étaient juste jolies et qu’elles n’étaient ni vulgaires, ni ‘une bouche de pipeuse’. Et qu’elles pouvaient même être un atout. Aujourd’hui, un clin d’œil, un petit sifflet s’apparentent plus pour moi à de la profonde bêtise qu’à du sexisme mais c’est peut-être justement parce qu’il est devenu « ordinaire ! »
Sarah, 29 ans
« Quand j’avais 16-17 ans, je n’avais pas beaucoup de poitrine… J’étais au supermarché et je soupesais des melons pour en choisir un. Un client hyper bien habillé, la quarantaine, s’est avancé, je ne me suis pas méfiée. Et là, il me dit : « oh quel bonheur de soupeser les melons. Je peux faire la même chose avec les vôtres ? » Je n’ai pas su quoi répondre, j’ai souri bêtement et j’ai tourné les talons… sans melon ! ».
Olivia, 34 ans
Le jour où j’ai vraiment flippé
« Mon pire souvenir remonte à il y a 4 ans. J’avais accompagné ma mère à son entreprise parce qu’elle devait remplir des papiers. Elle s’était garée sur le parking et j’étais restée l’attendre à l’intérieur de la voiture, les vitres baissées. Il n’y avait personne, à part trois ouvriers qui travaillaient sur un chantier non loin. Ils ont commencé à m’adresser la parole, à me faire des remarques déplacées, me disant que j’étais « bonne » et me traitant de « chienne » en voyant que je les ignorais. Je n’avais pas les clés et donc je ne pouvais pas remonter les vitres. Ils se sont approchés et ont commencé à poser une main sur la portière. Ils m’ont demandé si je ne voulais pas sortir et venir faire un tour avec eux derrière le chantier. Par chance, ma mère est revenue, ils l’ont vu arriver de loin. Ils m’ont lancé un « heureusement pour toi que tu n’es pas toute seule » et ils sont partis. J’ai été très choquée par cette situation. Et c’est vrai, « heureusement pour moi », ma mère était dans le coin. Je suis habituée aux sifflets, aux remarques déplacées. Je n’habite pourtant pas dans un quartier dit « à risques », comme quoi ça ne veut pas dire grand-chose ! Un groupe de mecs d’une vingtaine d’années m’a déjà suivie jusque dans un supermarché et m’a lancé des œufs à travers les rayons en m’insultant parce que j’avais refusé de leur donner mon numéro ou même de leur parler ! Je les ai fait sortir par le vigile et il a attendu le bus avec moi pour être certain qu’il n’y aurait pas de problème. Maintenant, j’ai toujours un spray lacrymogène dans mon sac, et je le mets dans ma poche quand je rentre la nuit. On n’est jamais trop prudent, mais j’ai horreur de me sentir en danger comme si j’étais une sorte de proie. On devient vite paranoïaque… »
Maïlys, 20 ans
« Des mecs qui te sifflent dans la rue ou qui te lancent des : « T’es bonne », j’en ai croisé… Mais il y a un épisode qui m’a plus marquée que les autres. J’avais à peine 15 ans et j’étais dans le bus pour rentrer du lycée. Un type d’une quarantaine d’années, assis à quelques mètres de moi, n’arrêtait pas de me fixer et j’étais super mal à l’aise. Cinq minutes avant que je descende, il a fini par s’approcher pour me parler. Au début, j’ai eu droit à plein de compliments un peu déplacés et au moment où il a vu que je n’étais pas réceptive, il est devenu carrément agressif. Quand j’ai refusé d’aller prendre un verre avec lui et que je lui ai rappelé mon âge, il s’est mis à me crier dessus et à me traiter de tous les noms – dont le fameux « Salope ! ». Aucun passager ne m’est venu en aide. Finalement, il est descendu à mon arrêt supposé et j’ai décidé d’attendre le suivant, de peur de devoir encore le supporter. Maintenant, dès que quelqu’un me fixe avec un peu d’insistance dans les transports en commun, je ne peux pas m’empêcher de penser à cet épisode, dix ans après. »
Marie, 25 ans
« Mon pire souvenir ? Un jour où en attendant mon bus, un SDF est venu se frotter à moi et m’a susurré à l’oreille alors que moi je n’osais plus bouger : « Tu viens chérie on va b***** derrière ce mur ». Depuis ce jour, j’essaye de me mettre à des endroits où il y a du passage, où tout le monde peut me voir. »
Charlotte
La proposition (vraiment) indécente
« Un matin, j’attendais le tramway vers 7 heures à côté d’un petit groupe de trentenaires. Deux d’entre eux m’ont alors demandé si j’étais du coin, ce à quoi j’ai répondu par l’affirmative. Un des hommes a ensuite insisté pour savoir si je connaissais un hôtel et si je pouvais les y accompagner. Il avait le regard qui allait avec sa demande… Je dois dire que ceci m’a réellement choquée car il devait me prendre pour une prostituée. Après, comme beaucoup de femmes, je suis souvent confrontée à des regards, des petits claquements de dents, des sifflets comme si on appelait un chien. C’est monnaie courante, hélas… »
Agathe
« Je devais faire un long trajet en taxi. On commence à discuter avec le chauffeur, une soixantaine d’années. Il m’explique qu’il est grand-père, on enchaîne sur les films de Walt Disney. Bref, la conversation est plutôt agréable. Arrivée à destination, il me dit tout d’un coup : « Et si je montais chez vous ? Je pourrai vous montrer ce qu’est un homme, un vrai, vous ne devez pas savoir ce qu’est le plaisir à votre âge ! » Je reste interloquée, tellement son visage et sa voix ont changé. Il enchaîne : « Je suis habitué avec mes clientes, elles sont très contentes du service en général, ce sera très rapide et je ne vous demanderai même pas de pourboire ! » C’est seulement à ce moment que je lui ai rétorqué que s’il voulait monter, mes parents seraient ravis de l’accueillir ! Et j’ai vraiment hésité à lui régler la course… »
Lola, 32 ans
« J’avais pris un taxi pour me rendre à une soirée. Le chauffeur me parle, plutôt sympa, j’en viens à lui dire que je suis étudiante, que je n’ai pas beaucoup d’argent et que c’est plutôt rare que je prenne un taxi. Et là, le mec me propose de ne pas payer la course en échange de faveurs sexuelles ! Je lui ai répondu que je pensais être « bien trop chère pour lui ». Il m’a dit que ce n’était pas un problème et qu’il avait les moyens. Je me suis sentie complètement insultée… »
Mélodie, 22 ans