Les douze institutions privées membres de l’Association genevoise des organismes d’enseignement, d’éducation et de réinsertion (AGOEER) ont dénoncé leur CCT pour la fin de l’année. Les employés craignent une dégradation des conditions de travail qui se répercuterait sur les prestations.

L’AGOEER compte 3000 professionnels et plus de 5700 bénéficiaires dans les secteurs du handicap et de l’éducation spécialisée. Les employés ont demandé le renouvellement de la convention collective de travail (CCT) en vigueur depuis les années 1970. Mais après une séance de négociation, les employeurs ont décidé de la dénoncer pour 2023, a expliqué mardi devant les médias Alice Lefrançois, du Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT).

Cette dénonciation tombe après deux ans de pandémie, dans un domaine où le management est basé sur l’efficience et où les tâches administratives sont de plus en plus complexes et chronophages, au détriment de la prise en charge de personnes vulnérables. Le détail avec Camille Cantone, secrétaire syndicale au SSP.

Les employés évoquent également un travail de « gardiennage », « sans stratégies éducatives personnalisées » et où les soins d’hygiène corporelle ne sont pas toujours assurés.

Licenciements facilités

Selon Mme Lefrançois, les négociations sur la CCT butent sur deux points principaux, qualifiés de « simple toilettage » par les employeurs. Ceux-ci veulent supprimer l’entretien d’ajustement du collaborateur, une mesure qui permet de fixer des objectifs en cas de prestations insuffisantes et qui constitue un préalable au licenciement. Les employés craignent une volonté de faciliter les licenciements.

Les institutions veulent aussi exclure les stagiaires et apprentis de la CCT. Ecoutez Patrice Servais, collaborateur à la fondation Ensemble où il est membre de la délégation syndicale.

« Budgets dignes »

Trois séances de négociation sont encore prévues. Si aucun accord n’est trouvé d’ici à la fin de l’année, les conditions des travailleurs sociaux seront fortement péjorées, la plupart d’entre eux n’étant pas soumis à la loi fédérale sur le travail. « L’objectif est de ne pas signer une CCT au rabais, mais aussi d’éviter que des employeurs ne quittent la CCT », a fait savoir Alice Lefrançois.

Au-delà, le SIT et le Syndicat des secteurs publics et parapublics (SSP) demandent que les politiques se mettent d’accord sur des « budgets dignes ». Alors que les besoins augmentent, le taux d’encadrement diminue. Ils regrettent une gestion entrepreneuriale au détriment du social. Ecoutez Camille Cantone.

MH avec Keystone-ATS