En Espagne, toute personne formulant des propos obscènes peut désormais être sanctionnée par une amende. Des jeunes politiciens exigent que ce soit également le cas en Suisse.

par

Des activistes s’attaquent au harcèlement de rue dans les deux Bâles. Ici: «Je voudrais bien te b***!»J’avais 14 ans, lui 55. #stopharassment»

Instagram/Catcallsofbsl

L’Espagne a révisé son droit pénal en matière sexuelle: désormais, le principe du «Seul un oui est un oui» ne s’applique pas seulement aux actes sexuels, mais aussi aux remarques sexuelles suggestives, appelées «catcalling» en anglais et plus communément désignées comme harcèlement de rue. Si une personne ne donne pas expressément son autorisation pour de tels propos, une amende, des travaux d’intérêt général ou jusqu’à un mois d’assignation à résidence pourront être prononcés par la justice espagnole. Actuellement, la politique suisse se penche également sur la révision du droit pénal en matière sexuelle. Là aussi, des voix s’élèvent pour demander l’interdiction du catcalling. Surtout au sein des sections jeunes des partis politiques suisses.

«Ce genre de comportement doit avoir des conséquences», déclare ainsi Jill Nussbaumer, vice-présidente des Jeunes libéraux. Julia Küng, présidente des Jeunes Verts, demande pour sa part: «Celui qui tient des propos suggestifs sans y être invité doit écoper d’une amende.» Les Jeunes centristes se prononcent également pour une interdiction du harcèlement de rue. Pour Barbara Berger, de Santé sexuelle Suisse, il s’agit avant tout de définir où se situent les limites: «Une nouvelle loi a l’avantage que ces limites doivent être renégociées.»

Les Jeunes UDC sont les seuls (parmi les sections jeunes des partis politiques suisses) à s’y opposer: «Il faut davantage de courage civil, pas une nouvelle interdiction», déclare son président, David Trachsel. La conseillère nationale UDC Barbara Steinemann rappelle par ailleurs que les propos et déclarations misogynes sont déjà punissables, notamment au titre de l’injure. Le problème, selon elle, est de pouvoir le prouver: «Si l’on dispose d’une preuve écrite, il n’y a pas de problème. Mais si un tel propos a été formulé oralement, une interdiction supplémentaire n’a pas de sens.» Pour le conseiller national PLR Andri Silberschmidt, tout propos pourrait finir par être interprété comme du harcèlement. «Une interdiction du catcalling ouvrirait donc la porte à des accusations injustifiées.»